5 séries féminines qui ont bouleversé la représentation de la sexualité des femmes

Sommaire

 
 

Des aventures de Carrie Bradshaw aux scènes explicites de Girls, la représentation du plaisir au féminin à la télévision a beaucoup évolué ces dernières années. À l’occasion de la sortie du livre ’’Sex and the Series’’ d’Iris Brey (éditions Libellus), retour sur les fictions qui ont fait bouger les lignes.

 

1985. Les Craquantes

 

Des années avant que la télévision ne fasse sa révolution sexuelle, l’équipe de choc des Craquantes bousculait les aprioris sur la vie intime des seniors. Les quatre femmes discutaient ouvertement de leurs fantasmes, de leurs expériences (le goût de Blanche pour les ébats avec de la chantilly) et de leurs frustrations (Dorothy parlant de son mariage sans sexe) devant un bon cheesecake. Une façon d’aborder, sous le prisme de l’humour, d’autres problématiques de vie. Par exemple : combien de temps après la mort de son mari peut-on coucher avec un autre homme ? Une libido totalement assumée, comme dans l’épisode où Blanche délivre un discours ’’sex positif’’ alors que les clients du supermarché la jugent parce qu’elle a acheté des préservatifs. Hormis Grace and Frankie, aucune série ne s’est intéressée aux conquêtes des femmes de plus de 50 ans, cantonnées aux rôles de mamies lorsqu’elles ne sont pas carrément invisibles.

 

1998. Sex and The City

 

Impossible de ne pas mentionner LE show qui s’amusait à décortiquer les relations hommes/femmes. ’’C’est la première fois que la sexualité et le sexe sont au cœur de chaque épisode et des éléments déterminants à la compréhension de ces quatre femmes. Auparavant, dans les séries, les personnages avaient une libido, mais celle-ci était utilisée à des fins dramatiques (avortement, grossesse, etc), soit sur le ton de l’humour’’, explique l’universitaire Iris Brey. Si la quête de l’amour restait le fil rouge du show, les héroïnes de Sex and the City affichent une sexualité décomplexée qu’elles n’ont pas peur d’explorer (dirty talk, sex-toy, fétichisme), ou d’évoquer de façon crue durant un brunch. Les six saisons font presque office de réponse à la question posée par Carrie dans l’épisode pilote : les femmes peuvent-elles faire l’amour comme des hommes ?

 

2004. The L Word

 

Si les personnages gays sont aujourd’hui plus présents à la télévision, ce n’était pas le cas lors de la diffusion de The L Word sur Showtime. Dépeindre la vie intime d’un groupe de lesbiennes à Los Angeles, montrer deux femmes qui couchent ensemble, était complètement révolutionnaire en 2004. Outre son portrait nuancé de la communauté LGBT, le soap bousculait la notion de genre et représentait la sexualité dans toute sa diversité. Bien sûr, la créatrice Ilene Chaiken a été accusée de vouloir appâter les spectateurs masculins avec ses nombreuses scènes érotiques. Mais les idées reçues de certains hommes hétéros, de leur ignorance sur les pratiques au lit des lesbiennes en passant par leurs fantasmes mal placés, sont également dénoncées. Mark, le colocataire de Jenny et Shane dans la saison 2, est l’incarnation ultime de ce ’’male gaze’’. Sans être dénuée de critiques, la série a offert aux lesbiennes une visibilité inédite… et plus jamais égalée hormis dans l’excellente Orange is the New Black. Cette dernière a une qualité supplémentaire : proposer un casting avec plus de diversité.

 

2012. Girls

 

Estampillée à son lancement ’’Sex and the City de la génération Y’’, la série de Lena Dunham est bien plus réaliste que son aînée. Loin de mener le train de vie glamour de Carrie, les héroïnes de Girls subissent la crise économique et, vingtaine oblige, se cherchent autant dans leur vie professionnelle qu’intime. ’’Hannah n’est pas à l’aise dans son corps. On voit des femmes qui sont plus libérées dans leurs mœurs, mais ne comprennent pas ce qu’il y a en jeu’’, affirme Iris Brey. Dans les premières saisons, le sexe y est souvent représenté comme insatisfaisant, voire désagréable, au lieu d’être un ticket assuré pour l’orgasme. ’’Montrer un personnage féminin qui ne sait pas vraiment ce qui lui fait plaisir, ce dont il a besoin est, en plus, très libérateur pour les spectatrices’’, souligne l’universitaire. La showrunneuse explore aussi la notion de consentement en mettant en scène, dans la saison 2, un rapport contraint entre Adam et Natalia.

 

2013. Masters of Sex

 

Basée sur les travaux du gynécologue William Masters et de son assistante Virginia Johnson, cette série de Showtime relate les recherches menées par ces deux pionniers de la sexologie dans l’Amérique des années 50. Un duo complètement opposé : lui, est frustré par l’absence de rapports avec sa compagne, elle, est une mère divorcée, adepte avant l’heure des sex-friends. La série évite le piège du trash en portant un regard très clinique sur la sexualité. Pourquoi les femmes simulent-elles ? Comment arrivent-elles à la jouissance ? En se voulant très didactique, Masters of Sex démythifie certaines idées reçues, comme la distinction freudienne entre l’orgasme vaginal et clitoridien. Autre bénéfice de cette vision très scientifique, selon Iris Brey : ’’utiliser un vocabulaire médical permet aussi de dire les choses assez crûment sans choquer les spectateurs’’.